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des bannières absentes de la procession

 

Hal, Montserrat, Bonsecours, Moulineau, Bon-Vouloir, Tongre, Rosaire et Alsemberg. Telles sont les dénominations des statues de Marie que l’on peut voir chaque année dans les rues de Mons lors de la procession de la Trinité, dite du Car d’Or.

 

Les cinq premières sont issues des paroisses de Sainte-Elisabeth, de Saint-Nicolas, de Messines, ou viennent de Ghlin et d’Havré.

Tongre, Rosaire et Alsemberg évoquent les confréries qui existaient en la collégiale Sainte-Waudru depuis le XVIIe et jusqu’au début du XXe.

Ainsi dans la collégiale, trois chapelles sont dédiées à la Vierge sous les dénominations précitées.

La chapelle axiale (prolongement nef-chœur) est dédiée, depuis 1683, à Notre-Dame de Tongre. Le vitrail central et le relief du retable évoque la légende de l’apparition de la vierge en 1081 apportée par des anges à Tongre-Notre-Dame (près de Chièvres).

La chapelle 25 (à côté de celle qui donne accès à la chapelle de semaine) est dédiée à Notre-Dame d’Alsemberg depuis le début du XIXe[i]. Une statue néogothique polychrome (XXe) est déposée sur une console au-dessus de l’autel. Durant sa présence à Mons (1754-1773), comme abbesse du chapitre de Sainte-Waudru, Anne-Charlotte de Lorraine fut protectrice de la confrérie de Notre-Dame d’Alsemberg.

Puis la chapelle 29 est dédiée à Notre-Dame du Rosaire. Le vitrail (1889) représente, en présence notamment du Doyen Michez, le donateur du vitrail, la scène au cours de laquelle la Vierge et l’Enfant remettent le Rosaire à saint Dominique. Notons que la même scène est le sujet d’une peinture installée dans la chapelle du Saint-Sang (à côté de celle donnant accès à la sacristie).

Les trois statues de Marie, Tongre, Rosaire et Alsemberg, sont précieusement conservées dans une des armoires du XVIIIe de la sacristie ; et n’en sortent que pour la procession de la Trinité ou pour être mises en évidence lors de la messe célébrée le 15 août pour la fête de l’Assomption.

Ces trois statues, vêtues de riches vêtements sont parées d’argenteries (souvent aux poinçons de Mons) lorsqu’elles participent à la procession du Car d’Or. C’est aussi l’occasion de mettre en évidence les voiles de fines dentelles qui ont été offerts à Marie au fil du temps.

Notre-Dame de Tongre, statue de 1683[ii], possède encore les broderies, aux fils d’or, d’argent et de soie, confectionnées pour ses riches et précieux vêtements (robe et manteau dont les fonds de soie ont été plusieurs fois restaurés/changés au fil du temps).

Notre-Dame du Rosaire (XVIIe) dispose de plusieurs manteaux (un seul est encore « portable » en procession). Les robes de la Vierge et de l’Enfant ont été entièrement refaites dans les années 1990, seules les dentelles et « galons » aux fils d’or ont été conservés.

Notre-Dame d’Alsemberg, statue de 1669[iii] bénie alors en l’église Sainte-Elisabeth par le doyen Zacharie Maes avant d’être transportée à Sainte-Waudru, possède une garde-robe essentiellement du XIXe (ou du tout début du XXe). Son manteau de velours bleu orné de diverses broderies évoquant directement son origine, est probablement son vêtement le plus imposant (même si les robes de Notre-Dame d’Alsemberg sont faites de riches tissus mettant en évidant la haute stature de la représentation de Marie).

Mais, si les statues sont aujourd’hui les souvenirs les plus visibles des confréries dédiées à la Vierge dans la collégiale Sainte-Waudru, il faut toutefois signaler que les bannières de procession des dites trois confréries existent encore.

Certes, ces bannières, vu leur fragilité et leur état, ne sont plus utilisées en procession. Mais elles témoignent d’un moment de l’histoire où on ne pouvait pas imaginer qu’une statue de Marie ne soit précédée de sa bannière.

NOTRE-DAME DE TONGRE

La bannière dédiée à Notre-Dame de Tongre est composée de velours rouge sur lequel sont fixées des broderies (fils d’or, d’argent et de soie) ainsi qu’une peinture.

Entourant la peinture qui affecte la forme d’une mandorle, quatre « phylactères » portent les mots (un par phylactère) AVE   MARIA   GRATIA   PLENA.

La peinture évoque l’apparition de la Vierge, portée par des anges, dans le jardin du seigneur Hector de Tongre. En-dessous de celle-ci, fils d’or sur fond bleu, le « monogramme » de la Vierge : un M et un R enlacé.

A l’arrière de la bannière, au pochoir et en couleur dorée, une inscription précise « CONFRERIE DE NOTRE-DAME DE TONGRE ».

NOTRE-DAME DU ROSAIRE

Notre Dame du Rosaire possède encore sa bannière. Il s’agit d’un travail mêlant tissus et fils d’or, d’argent et de soie.

Sur un fond de carrés présentés sur la pointe, joints pas des trèfles à quatre feuilles et au centre desquels se trouve un lys, une mandorle, finement réalisée en fils d’or, d’argent et de soie, évoque le moment où l’Enfant Jésus, porté par Marie, remet à saint Dominique le Rosaire. La mandorle est « posée » au centre d’une croix faite d’un tissu argenté et sur laquelle sont brodés des feuillages verts et des fleurs de soie rouge.

L’arrière de la bannière porte l’inscription, qui identifie et date l’œuvre (lettres brodées au fil d’or dont certaines manquent mais ont laissé une trace sur le fond bleu clair) : « Confrérie de N. D. du Rosaire Paroisse Ste Waudru Octobre 1904 ».

On peut donc en déduire que la bannière a été réalisée à l’occasion de la procession organisée le 2 octobre 1904 marquant le centenaire du retour des reliques de sainte Waudru après la Révolution français et mettant en évidence Notre-Dame du Rosaire à l’occasion du centenaire de la recréation de la confrérie de Notre-Dame du Rosaire en la Collégiale Sainte-Waudru[iv].

NOTRE-DAME D’ALSEMBERG

Quant à Notre-Dame d’Alsemberg, sa bannière se compose d’un fond de velours bleu sur lequel on trouve des broderies aux fils d’or, d’argent et de soie évoquant une structure gothique entourée, en partie, de feuilles de lierre. L’image de la Vierge à l’Enfant, à l’intérieur de la niche réalisée en fils d’or, est peinte sur une toile qui affecte la forme de la statue habillée vêtue d’une robe d’argent aux broderies d’or et portant un voile (également peint). Seuls les couronnes et les sceptres de Marie et de Jésus[v] sont des réalisations, brodées aux fils d’or et de soie, fixées sur la peinture intégrée à la bannière.

Sous la représentation de la Vierge, une inscription réalisée au fil d’or sur un fond argenté : « Ave maris Stella ».

Signalons, pour terminer, que les statues de Notre-Dame de Bonsecours et Notre-Dame de Moulineau sont toujours précédées, en procession, d’une bannière. De son côté, l’église Saint-Nicolas possède encore quelques bannières de Notre-Dame de Montserrat mais elles ne sont plus sorties pour les processions. Quant à l’église Sainte-Elisabeth qui met en évidence Notre-Dame de Hal, il existe une volonté de la Fabrique d’église de faire restaurer la bannière de Notre-Dame de Hal afin qu’elle puisse à nouveau précéder la statue de 1677 en procession.

Et en ce qui concerne les trois bannières dédiées à Marie et propriété de Sainte-Waudru, il n’est pas inimaginable qu’un jour elles soient restaurées et puissent alors reprendre leur place en procession ou être exposées dans la collégiale. Mais un peu (beaucoup ?) de patience sera certainement nécessaire !

Benoît Van Caenegem

Conservateur de la collégiale Sainte-Waudru

et de son Trésor

[i] Du temps du chapitre de Sainte-Waudru, la confrérie célébrait ses offices à l’autel situé dans le transept nord.

[ii] 1683 est l’année de la création de la confrérie de Notre-Dame de Tongre en la collégiale Sainte-Waudru. En 1783, à l’occasion du centenaire de la confrérie, les chanoinesses avaient permis que Notre-Dame d’Alsemberg soit installée sur le Car d’Or pour sa procession jubilaire.

[iii] En 1769, à l’occasion du centenaire de la confrérie, les chanoinesses avaient permis que Notre-Dame d’Alsemberg soit installée sur le Car d’Or pour sa procession jubilaire.

[iv] Notre-Dame du Rosaire était vénérée en l’église des Dominicains avant la Révolution française et fut transportée en la collégiale Sainte-Waudru le 7 octobre 1804.

[v] Le sceptre de l’Enfant Jésus est remplacé par une rose d’or.