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Le registre des baptêmes de la collégiale Saint-Germain pour l’année 1796[1] conserve la mémoire de 300 baptêmes de la paroisse-mère de Mons, inclus ceux des enfants nés sur la paroisse Sainte-Waudru, célébrés entre le 1er janvier et le 20 juillet.

Le sacrement du baptême y est alors conféré soit par le curé de Saint-Germain ; soit par un chapelain de Saint-Germain ; soit par le Grand Clerc de Saint-Germain ; soit par un chanoine de Saint-Germain. Ceci sans tenir compte des enfants en danger de mort baptisés par la sage-femme au moment de la naissance (si l’enfant meurt, le baptême est acté en même temps que le décès).

Les actes précisent, quand il s’agit d’enfants présentés par les parents (ou au moins l’un d’eux), la date du baptême, le prénom donné à l’enfant, la paroisse de naissance, le moment de la naissance (jour et heure), le caractère légitime ou non de la naissance, le nom du père, le nom de la mère, le lieu de résidence de la famille, le nom du parrain, le nom de la marraine. Suivent la signature du prêtre qui a conféré le baptême et celles (ou les marques quand ils ne savent pas écrire) des parrain et marraine.

Mais il était aussi fréquent de devoir baptiser des enfants trouvés (62 entre le 1er janvier et le 20 juillet 1796 – 33 garçons et 29 filles). Pas de patronyme. Pas de prénom donné par les parents. Il fallait « improviser », très souvent en s’inspirant du calendrier liturgique.

Et ce sont probablement les personnes en charge du baptême qui avait la responsabilité de donner un prénom et un « nom de famille » à l’enfant qui faisait son entrée dans l’Eglise.

Ainsi pour 1796, les patronymes suivants furent attribués à des enfants trouvés : Julien, Maure, Vincent, Ildefonse, Timothée, De Sales, Gilbert, Radegon, Gabin, Eucher, Tharcise, Thomas, Bologne, Joachim, Paul, Célestin, Léon, Florentin, Valentin, Elme, Godard, Crescent, Sulpice, Clete, Vital, Godart, Michel, Maturin, Achille, Paschal, Honoré, Potentin, Didier, Guilbert, Médard, Landelin, Adolphe, Aubain, Eloi, Bertrand, Rombault, Anatole, Pasquier, Arnould.

Ces noms furent choisis en fonction du saint commémoré (fête principale ou fête relative à un événement lié au saint) soit le jour du baptême, soit le jour où l’enfant a été trouvé.

C’est ainsi que des prénoms (ceux des saints) sont devenus les patronymes des enfants trouvés. Rarement, c’est le nom de famille du saint (de Sales) qui est donné comme patronyme à l’enfant baptisé.

  • Le sept mars 1790 six a été par le soussigné baptisé Joseph Thomas ainsi nommé pour avoir été trouvé le jour du dit saint …
  • Le neuf mai 1790 six a été par le soussigné baptisé François Michel ainsi nommée pour avoir été exposée le jour de l’apparition de saint Michel …

Mais d’autres noms de famille ont aussi été retenus : L’étoile, Epinlieu, Chandelier, Dutemple, Cambron, Larue, Messine, Lacroix, des Gades, Carton, Aubron, Quievroy, Rigolle, Dépôt, de la Garde.

Pour ces patronymes, c’est soit une fête liturgique (Chandelier pour Chandeleur, Messine pour la fête de Notre-Dame de Messines, L’étoile probablement en lien avec la fête de l’Epiphanie, Lacroix parce que le baptême a eu lieu le 3 mai, fête de l’Invention [découverte] de La Croix), soit le lieu de la découverte de l’enfant qui a déterminé le choix du nom.

  • Le seize février mil sept cent nonante six a été par le soussigné baptisée Caroline des Gades ainsi nommée pour avoir été trouvée à la rue des Gades la veille …
  • Le cinq avril mil sept cent nonante six a été par le soussigné baptisée Françoise Messine, ainsi nommée pour avoir été exposée le jour de Notre Dame de Messine (sic)
  • Le vingt-sept avril mil sept cent nonante six a été par le soussigné baptisé Pierre Joseph Aubron, ainsi nommé pour avoir été trouvé la veille en la tour Aubron …
  • Le vingt-neuf avril 1790 six a été par le soussigné baptisé Germain Quievroy ainsi nommé pour avoir été trouvé dans cette rue …
  • Le 9 mai 1790 six a été par le soussigné baptisé Joseph Rigolle, ainsi nommé pour avoir été trouvé à la rigolle (sic) à la porte de France …
  • Le deux février mil sept cent nonante six a été par le soussigné baptisé Joseph Chandelier, ainsi nommé pour avoir été trouvé le jour de la Chandeleur …
  • Le sept janvier 1796 a été par le soussigné baptisé François L’étoile, trouvé le 6 janvier …
  • Le 3 mai 1790 six a été par le soussigné baptisée Angélique Lacroix, trouvée le même jour vers les 4 heures du matin …
  • Le douze février mil sept cent nonante six a été par le soussigné baptisée Charlotte Cambron âgée d’environ six mois trouvée près de Notre Dame De Cambron à la porte du Parc …
  • Le seize février mil sept cent nonante six a été par le soussigné baptisée Pierre Joseph de la Garde trouvé le même jour à midi près de la garde de Ste Waudru …

Parfois aussi, on peut deviner un peu de « malice » dans le choix du nom des enfants trouvés.  Ainsi, le 30 janvier 1796, l’abbé Dutilloeul, chapelain de Saint-Germain, préside deux baptêmes d’enfants trouvés.  Au premier, il attribue le nom Levêque et au second celui de … Prélat.

  • Le trente janvier 179six a été par le soussigné baptisé Emilien Levêque
  • Le trente janvier 179six a été par le soussigné baptisé Germain Prélat

Nombreux étaient les enfants trouvés qui mouraient alors en bas âge.  Mais pour les garçons qui arrivaient à l’âge adulte et qui avaient eux-mêmes des enfants, le choix fait au moment de leur baptême a conditionné des lignées … dont certaines existent peut-être encore au début du 21e siècle. Il faut toutefois noter que sur les 62 enfants trouvés baptisés entre le 1er janvier et le 2 juillet 1796, sept étaient déjà morts au 20 juillet.

[1] Archives de l’Etat à Mons, archives en ligne, Mons, paroisse Saint Germain, Registres Paroissiaux. Actes de baptêmes du 01 janvier 1796 au 20 juillet 1796.

 

Benoît VAN CAENEGEM

Conservateur de la Collégiale Sainte-Waudru

et de son Trésor