Visits: 1228

Les grandes orgues

Les grandes orgues

Courtesy Keith Burke

 

Historique des orgues de Sainte-Waudru

Le buffet monumental de style Louis XVI fut à l’origine, conçu pour l’abbaye cistercienne de Cambron-Casteau, vers 1780 par Ermel, facteur d’orgues montois.
Il contenait un instrument de style classique français de 49 jeux répartis sur quatre claviers manuels et un pédalier. Cet orgue qui était déjà constitué en partie de tuyaux de l’instrument précédent datant de 1693 (facteur : Matthieu Le Roy – le grand-orgue étant devenu positif et le positif étant devenu écho après intervention d’Ermel), ne servit que très peu de temps à Cambron. En effet, en 1783, l’Empereur Joseph II supprima l’abbaye ; cette suppression fut exécutée “manu militari” le 22 février 1789. L’orgue fut vendu et remonté en l’abbaye de Coudenberg à Bruxelles, qui supprimée également, avait été transformée en paroisse. Le Conseil du Hainaut ayant rétabli l’abbaye de Cambron le 17 décembre 1789, l’Abbé obtint que soit reconnu inconstitutionnel et annulé, tout ce qui avait été fait depuis l’expulsion des religieux. C’est ainsi que les grandes orgues dont on terminait le remontage à Bruxelles, furent à nouveau démontées et reprirent la direction de Cambron. L’occupation française mit fin à l’existence du monastère, mais l’orgue fut sauvé et remisé. Lorsque la Collégiale Sainte-Waudru fut rendue au culte après la furie, elle était dépouillée de ses ornements et de ses orgues (il s’agissait d’un petit instrument situé sur le jubé de Du Broeucq).

Dès 1804, l’idée fut lancée de racheter le grand orgue de Cambron et en 1807, le contrat fut signé. La réception eut lieu le 28 mars 1811 : le facteur Ermel chargé des travaux, avait ajouté une bombarde à la pédale, augmenté l’espace entre les deux buffets et avait amélioré l’alimentation en vent de l’instrument.

Dès 1822, l’orgue dut être restauré, les tuyaux tombant les uns sur les autres et la soufflerie jugée insuffisante. On constata que l’orgue avait été “mal relivré”. C’est Louis Fétis (oncle du célèbre musicien François-Joseph Fétis) qui fut chargé de cet ouvrage.

En 1834, Pierre-Jean et Henri De Volder restaurèrent l’orgue renouvellement de la soufflerie, les claviers désormais au nombre de 3, passèrent à 54 notes et certains jeux aigus furent remplacés par de plus graves. Une boîte d’expression fut placée et les anches du grand-orgue furent remplacées par un semblant de batterie : basse de clairon, dessus de bombarde, trompette en basse et dessus. En outre, ils remplacèrent la voix humaine par un dessus de hautbois 8. Au positif, ils ajoutèrent un cornet et s’engagèrent spécialement à améliorer l’abrégé de ce clavier. En ce qui concerne l’écho, ils remplacèrent la doublette par une quarte de nazard, la tierce par un dessus de montre, la fourniture par un cornet V et la voix humaine par un hautbois ; ils renouvelèrent aussi le dessus de flûte. A la pédale, les De Volder adaptèrent un système pour que la bombarde qui était en fait la basse de ce jeu au grand-orgue, puisse parler séparément, ce qui nécessita de nouveaux secrets pour ce jeu.

Dès 1844 pourtant, Auguste-Joseph Rifflart restaura l’instrument. Dans son devis, il est question de “faire” parler une grande quantité de tuyaux qui ne chantent plus depuis très longtemps. Rajuster les anches à une grande quantité de tuyaux de trompette, de clairon, de hautbois, de cromorne et de bombarde. Raccommoder, ressouder les corps de ces tuyaux qui sont défectueux. Faire jouer les mouvements des mécaniques … qui s’accrochent entre eux et font chanter les notes sans les toucher …”.

En 1864, Désiré Cordier effectua des réparations urgentes et fournit une nouvelle soufflerie. En 1875, l’orgue fut restauré par Charles Anneesens de Grammont : renouvellement de la soufflerie, amélioration de l’harmonisation des jeux de montre et bourdon 16′, restauration de la tuyauterie.

Entre 1920 et 1930, un facteur de second ordre démantela totalement l’instrument d’origine : il vida et détruisit en partie le buffet du positif et plaça un orgue pneumatique tubulaire de 25 jeux répartis sur 2 claviers et pédalier dans le buffet monumental. Pour permettre à l’organiste de voir ce qui se passait dans le chœur, il n’hésita pas à amputer la façade du positif d’un tuyau sur deux.

Cet instrument ne possédait que des jeux de fonds et d’anches de 16, 8 et 4′ sans la moindre mixture, le registre nommé “fourniture” appelant en réalité le dessus de bombarde 16 du grand-orgue.

Sans citer de nom, l’ingénieur liégeois L. J. Alexis en fit une critique acerbe dans la revue “Musica Sacra” de septembre 1931, donnant pour titre à son article : “La grande pitié de nos orgues”.

Peu de temps après ces travaux, Emile Debacker était nommé organiste titulaire. Très vite, il se rendit compte de la pauvreté et du mauvais fonctionnement de l’instrument. A force de persévérance, il parvint à faire admettre le principe d’une reconstruction complète suivant les goûts du moment et l’évolution de la facture d’orgues.

En 1952, Maurice Delmotte construisit l’orgue actuel en conservant les rarissimes jeux anciens ayant échappé au massacre des années vingt. Il dut malheureusement enlever la montre 16 du grand buffet qui, devenue lépreuse, tombait en miettes.

Il fut béni par Monseigneur Himmer en présence de la Reine Elisabeth, le dimanche 21 décembre 1952 à 15 heures ; aux claviers se succédèrent Emile De Backer (titulaire) et Maurice Guillaume (prix de virtuosité du Conservatoire de Bruxelles), tandis que les œuvres vocales étaient interprétées par les petits chanteurs de St-Laurent de Paris et la “Royale Union” de La Bouverie.

De 2014 à 2018, les grandes orgues ont bénéficié d’une restauration totale réalisée par les maisons Klais (Bonn) et Thomas (Ster-Francorchamps). Il compte maintenant 70 registres répartis sur 4 claviers manuels et un pédalier pour un total de plus de 4.400 tuyaux.

Des grands noms de l’orgue comme Olivier Latry, Pierre Cochereau, Jean Guillou et François-Henri Houbart ont eu l’occasion de jouer sur l’orgue de la collégiale montoise.


 

Les titulaires des orgues de Sainte-Waudru

 

Bernard Carlier

Bernard Carlier est diplômé du Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles : premiers prix d’orgue, d’harmonie écrite et pratique ; diplôme supérieur d’orgue. Il est directeur honoraire de l’Académie de Musique de Mont-sur-Marchienne. Nommé titulaire des grandes orgues de la Collégiale Sainte-Waudru à Mons en 1992, il partage ce titre depuis avril 2017 avec Benoit Lebeau. Dès 1993, il y crée « Les Collégiades », festival d’orgue ayant lieu tous les dimanches de juillet à 18 heures.

Invité des plus célèbres festivals, il donne de nombreux récitals en Belgique et dans la plupart des pays d’Europe.
A Paris, il s’est produit en soliste dans diverses églises, entre autres, à la cathédrale Notre-Dame en 2005, 2011 et 2016.
En 2008, 2010, 2014, 2016 et 2017, il a effectué des tournées de concerts en Russie, le conduisant de Moscou au Pôle Nord, en Sibérie orientale et à Vladivostok. A Yakoutsk, le ministre de la culture lui a décerné le diplôme du 4ème festival international de musique « Northern Lights ».
Il a donné une masterclass au Conservatoire Supérieur Tchaikovski de Moscou en 2014.
Il a également participé à plusieurs concerts au sein de l’Orchestre National de Belgique et avec divers ensembles vocaux et orchestraux. Il a joué en soliste avec l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie et avec la Chapelle Musicale de Tournai.
Avec le trompettiste Christian Debouter, il a créé dès 1983, le ” Duo da chiesa “.
Bernard Carlier a fait partie du jury de divers concours d’orgue prestigieux tels que le « T.I.M. », « Axion Classics » de Belfius Banque et l’ «  International V.Kikta Organ Competition «  à Moscou.
Il a enregistré plusieurs CD.
Bernard Carlier est actif au sein du Diocèse de Tournai en tant que responsable de la Commission diocésaine des orgues d’église et est membre du conseil élargi du Service diocésain de liturgie et de pastorale sacramentelle.

 

Benoit Lebeau

Benoit Lebeau est né en 1994. Il commence l’apprentissage de l’orgue dès l’âge de 7 ans avec Elizabeth Thornburn, Momoyo Kokubu et Léon Kerremans. Il suit également des cours de piano auprès de Patrick Lambot. En juin 2017, il obtient son diplôme de Master Didactique à l’IMEP, dans la classe de Benoît Mernier et de Cindy Castillo. Il a également suivi différentes Master-Classes avec Lorenzo Ghielmi, Norbert Pétry, Arnaud Van de Cauter, Luc Ponet, Yves Rechsteiner, Hampus Lindwall, Jean-Baptiste Monnot, Jean Guillou, Pieter Van Dijk, Franz Van Wijk,…

Benoit Lebeau se produit régulièrement en concert en Wallonie et à Bruxelles, tant en soliste qu’en accompagnateur ou encore en duo avec le trompettiste Jérémi Dupont. En mars 2015, il reçoit le Prix du « Mérite Culturel », catégorie « Espoir », de sa commune d’origine (Ham-sur-Heure-Nalinnes).

Après avoir été titulaire à Forchies-la-Marche, Donstiennes, La Roche-en-Ardenne et au Ban d’Ortho, il est nommé co-titulaire de la Collégiale Sainte-Waudru de Mons, aux côtés de Bernard Carlier, en avril 2017.

Egalement passionné par la facture d’orgue et l’histoire de son instrument, il fonde en 2014 une association pour la sauvegarde des orgues de la commune d’Ham-sur-Heure-Nalinnes. « Orgues en Campagnes ASBL » organise ainsi de nombreux concerts afin de valoriser ce patrimoine. L’association compte aujourd’hui de nombreux membres, et a pour but principal la reconstruction de l’orgue (XVIIIè s.) de la chapelle Saint-Roch d’Ham-sur-Heure. Depuis septembre 2017, il est professeur d’orgue au Conservatoire Lucien Robert de Tamines.  Il est également membre de la Commission Diocésaine des Orgues pour le Diocèse de Tournai. Enfin, il est organiste-boursier à l’église Notre-Dame du Finistère à Bruxelles pour la Saison 2017-2018.

En savoir plus…

Un choix de 5 CD’s

Une restauration magistrale